06 septembre 2007

 

Le niveau en maths baisse-t-il?

Depuis quelques années, certains observateurs tirent la sonnette d'alarme sur le niveau en mathématiques des élèves français. En apparence, il monte : malgré un tassement (- 0,7%) en 2007, le taux de réussite au bac S a augmenté de 10 points entre 2001 et 2006. Mais ce ne serait qu'un trompe-l'œil, qui masquerait en fait une baisse du niveau des élèves, elle-même compensée par une dévalorisation des épreuves de maths au bac, et au-delà.


Les alertes les plus troublantes sont venues de responsables de grandes écoles d'ingénieurs, qui dressent le constat d'une diminution des compétences de leurs étudiants, pourtant issus des classes préparatoires scientifiques. Ce phénomène est également constaté par les entreprises qui recrutent leurs diplômés dans ces établissements.

" Les élèves ne voient plus aujourd'hui en classes préparatoires certaines notions, pourtant utiles dans pratiquement tous les domaines scientifiques, affirmait au Monde, en juillet, Laurent Decreusefond, professeur de mathématiques à l'Ecole nationale supérieure des télécommunications (ENST). Le niveau des ingénieurs français est traditionnellement basé sur une formation robuste en maths-physique. C'est un avantage que nous risquons désormais de perdre. " Il rappelle que le nombre d'heures de mathématiques a diminué de 20 % dans certaines "prépas", " alors que les objectifs des programmes sont les mêmes ". Selon lui, un redressement ne serait possible que " si la situation au lycée et en classes préparatoires cesse de se détériorer, en recréant, par exemple, une réelle filière mathématico-physique en terminale ".

Les professeurs de lycée et de collège ne sont pas très éloignés de ces conceptions. Dans le secondaire, " Les horaires ont constamment diminué, explique Bruno Descroix, agrégé de mathématiques exerçant au lycée Louise-Michel de Bobigny et auteur de Demain les profs (Bourin, 2004). Du coup, les élèves ont forcément un niveau moins élevé. Et leurs faibles compétences en calcul les handicapent. C'est un peu comme vouloir réparer une voiture sans avoir les outils. Le problème de fond est que le bac S ne sert pas à faire des scientifiques, mais d'abord à sélectionner. Dans ces conditions, les professeurs rament et, pour les élèves, la souffrance est la règle. " LC

Article paru dans le monde le 3 septembre 2007

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