22 septembre 2007

 

Les mathématiciens français primés au Japon

TOKYO - L'Institut des Hautes Etudes Scientifiques français (IHES) recevra samedi le Prix Seki-Takakazu, distinction qui salue chaque année les travaux d'une personne ou d'une organisation dans le domaine des mathématiques, a annoncé la Société des Mathématiques du Japon (MJS).

Ce prix sera remis au directeur de l'IHES, Jean-Pierre Bourguignon, lors de la réunion d'automne des mathématiciens membres de la MJS à Sendai (est du Japon).

"Etre distingué par les experts en mathématiques japonais est une belle surprise", a déclaré à l'AFP M. Bourguignon, polytechnicien et docteur ès sciences mathématiques, lors d'une visite à Tokyo il y a quelques semaines.

L'IHES et ses chercheurs sont mondialement reconnus et jouent un rôle majeur dans l'évolution des connaissances mathématiques, ayant été couronnés par sept médailles Fields, la plus prestigieuse récompense dans cette discipline.

Toutefois, le Prix Seki-Takakazu revêt, selon M. Bourguignon, une signification particulière, prouvant l'intérêt porté par l'élite des mathématiciens japonais aux travaux de leurs homologues français.

"Le Japon a investi fortement dans la formation de mathématiciens fondamentaux, lesquels sont de facto très nombreux, constituant une communauté très développée, très sophistiquée", explique M. Bourguignon.

"C'est un pays où presque tous les volets des mathématiques sont représentés, avec en plus des grandes spécialités dans lesquelles les Japonais sont très forts comme la théorie des nombres, la géométrie algébrique ou les calculs de probabilités", dit-il.

Le Prix Seki-Takakazu a été créé en 1995 pour remercier les personnes qui ont encouragé et soutenu le développement des mathématiques au Japon.

L'IHES entretient des relations avec le milieu des mathématiciens japonais depuis plusieurs années, accueillant de nombreux visiteurs nippons.

"Les Japonais comme les Français ont cultivé une tradition assez élitiste des mathématiques", selon M. Bourguignon.

Toutefois, contrairement à la France, "au pays du Soleil-Levant, les personnes qui font des mathématiques appliquées ne sont pas dans les départements de mathématiques mais dans les sections d'ingénierie, ils ne côtoient donc plus les mathématiciens oeuvrant sur les problèmes fondamentaux".

Le Japon a des efforts à faire pour résoudre cette séparation "car il n'existe pas de partie mathématique qu'on puisse isoler en fonction du côté plus fondamental ou plus appliqué, les deux sont intrinsèquement liés".

"Le drame des mathématiques, c'est que beaucoup de gens ne considèrent plus cette discipline comme une science, estimant qu'on sait tout dans ce domaine et qu'il n'y a plus rien à trouver", déplore M. Bourguignon.

"Dans l'esprit de beaucoup, les mathématiciens sont des archéologues. Cette conviction est pire que tout, car c'est bien sûr totalement faux. Au contraire, la partie la plus intéressante, la plus pertinente, la plus forte aujourd'hui, c'est justement le lien entre les mathématiques et la haute technologie", assure l'expert français.

Dans l'industrie, l'importance des mathématiques est donc extraordinaire, argue M. Bourguignon: "On y est confronté à des problématiques pas banales qui conduisent à des découvertes mathématiques inattendues".

Il existe ainsi selon lui une infinité de problèmes mathématiques non résolus, où tout est à faire et où il ne s'agit pas de sortir une équation ou un théorème d'un tiroir.

AFP / 21 septembre 2007

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